Djouba – Prenez une minute…

MealEspoirs - Galerie - Djouba au Sud-Soudan

Je vous avais parlé de ces bons moments passés auprès des enfants. En voici un vraiment amusant.

Leur distribuer de la nourriture est primordiale à leur survie. Mais les voir et les entendre rire l’est aussi. J’essaie de temps en temps de leur ramener des chewing-gums, ce n’est pas grand-chose, mais ils en raffolent et ça les amusent.

La vie est si dure au Sud Soudan pour ces enfants, ils connaissent la guerre, les meurtres, les viols (à partir de 3 ans), les enlèvements, les maladies, les tortures, et les souffrances psychologiques. Ils sont très jeunes, et pensent que la vie est comme ça et qu’elle restera ainsi.

Les ONG sont là pour leur apporter les premières nécessités afin de survivre. Mais nous devons aussi les aider à se reconstruire, à leur donner envie de vivre, d’aimer à nouveau son prochain, et surtout à rire et s’amuser comme des enfants.

Tout au long de mes post, je m’efforce de vous montrer les belles choses du quotidiens, les sourires, les jeux, de bons petits plats, mais la réalité en est toute autrement, elle est si difficile à expliquer et encore plus à comprendre.

Je vais essayer de vous la décrire simplement.

Dans le camp POC3 de Djouba, il y a environ 40000 personnes entassées dans des tentes de fortunes sans électricité et eau courante, vivant à même le sol. Pour l’eau, il faut attendre que l’ONG responsable de la distribution d’eau veule bien venir. (Par exemple, depuis le début de la semaine, le nouveau directeur de cette « ONG locale » est en poste, et depuis il n’y a quasiment plus d’eau de distribuer dans le camp et on ne sait pas quand celle-ci le sera. Des dires, il doit prendre ses marques…). Pour cuisiner et distribuer de l’eau, je suis obligé de ramener de l’eau en jerricane.

Il n’y a aucun service de ramassage d’ordures, les gens les jettent tout n’importe où, et parfois les brûlent. Il y a perpétuellement un nuage de fumées avec l’odeur et la pollution qui vont avec. Les rats ont envahi le camp, ramenant avec eux tout types de maladies dont la population se serait bien passée.

Les WC sont placés aux extrémités du camps, ils sont construits en taules, avec ou sans portes, il y a des trous avec des asticots qui mangent les excréments. L’odeur y est vraiment irrespirable par ces fortes chaleurs. Des envies de vomir à chaque fois que vous vous en approchez.

Les enfants qui ne vont pas à l’école le matin errent dans le camp et jouent avec n’importe quoi : des pneus, de la ferraille, toutes les choses jetées. Ils fouillent les poubelles à la recherche d’un truc à manger, à recycler ou à vendre. Les enfants jouent et se lavent dans les marres ou flaques d’eaux extrêmement polluées par les ordures et excréments jetés.

Ils se débrouillent seuls, s’occupant souvent de leurs frères et sœurs, et ce même à 3-4 ans (J’ai vu des gamins porter des journées entières leurs frères et sœurs de 2 mois).

Ils sont livrés à eux-mêmes dans ce chaos inimaginable !

Je ne vous raconte pas ça pour vous donner la larme à l’œil et vous faire culpabiliser, nous ne sommes pas responsables de la ou nous sommes nés, mais nous devons connaître la dure réalité et tout faire pour que cela s’arrête et n’arrive plus jamais.
Merci à vous tous de partager, tout le monde doit se rendre compte de la vie qu’ils ont.

Et n’hésitez pas à les aider : https://paypal.me/mealespoirs

Les mots de la fin : pour moi, vous écrire ces mots est très dur, à mes retours du camp, je repense à ces toutes ces choses sans que rien ne change et je craque, je fonds en larmes. Vous pouvez être le plus fort du monde, vous ne le serez jamais assez pour voir ça.